samedi

Artistes bobotignollais (I): Jérôme Mesnager & son blanc bobo

Même s’il s’est exilé à Montreuil (un autre prolongement de Boboland) pour suivre sa tribu de potobobos, Jérôme Mesnager figure en bonne place parmi les artistes BoBotignollais. La communauté s’est approprié avec joie son fameux « bonhomme blanc » qui court le monde, embellissant le quotidien des citadins depuis plus de vingt ans. Au détour des rues de la capitale, pour le plus grand plaisir –il faut bien l’avouer- de la bobo qui sommeille en moi, le clin d’œil malicieux fait signe. Suivre les pas de cette silhouette aérienne et dansante peut vous emmener très loin. C’est que le bonhomme a la bougeotte : Jérôme Mesnager l'a reproduit à travers le monde entier, des murs de Paris à la muraille de Chine. Ainsi, de ce rideau de fer près de la voie ferrée qui mène à Pont Cardinet aux marches de Montmartre, en passant par Beaubourg et Oberkampf, il guide nos itinéraires parisiens, investissant palissades et murs délaissés. La silhouette blanche s’élance, jamais là où on ne l’attend. Pourtant c’est bien aux BoBatignolles que l’Homme en Blanc -qui recouvre maintenant les murs de Ménilmontant et de Belleville- a vu le jour, à deux pas de la galerie 13, rue Hélène: « Pendant trente ans, j’ai vécu rue Hélène. Pendant mon adolescence, dans les années 70, le peintre Jean-Pierre Le Boul’ch habitait le rez-de-chaussée. Il me laissait entrer et je le regardais travailler. Il rédigeait, avec d’autres artistes de la génération née dans le sillage du « Supports/Interfaces » et du « Nouveau Réalisme », la revue Chorus. J’ai vu défiler tout ce beau monde : Ernest Pignon Ernest, Ben, Cueco, Monory, Peter Klasen, César, Arman et Gérard Fromanger. Leurs discussions me passionnaient. Le Boul’ch, parfois, peignait dehors et exposait ses grandes toiles. Ernest Pignon Ernest travaillait dans la rue en plaçant des sérigraphies sur de vieux murs. Inspirés par Yves Klein, tous ces gens réalisaient des performances »[1]. Né en 1961, Mesnager entre en 74 à l’Ecole Boulle, dont il sort au bout de quatre ans. Au début des années 80, il accompagne le mouvement pochoir et la Figuration Libre, puis invente, le 16 janvier 1983 (année de ma naissance tiens !) le célèbre Corps Blanc ou Homme Blanc, “un symbole de lumière, de force et de paix ». Aujourd’hui perché sur les hauteurs de Montreuil, le père du Bonhomme Blanc, qui a également signé la pochette d'album de La Rue Kétanou échappe difficilement à la boboïtude aigue qui le menace. Extraits choisis [2]: « Mesnager est tourmenté depuis toujours par le problème de tous les artistes -- le conflit entre l’art et la spéculation[3]: “Quand la spéculation entre en jeu, ça fout tout en l’air! Ou l’on est nous-mêmes, et l’on affronte la société tout le temps; ou l’on n’est plus nous-mêmes”... Il a été terriblement frappé par le suicide d’un de ses amis, le peintre Robert Malaval, en 1980. C’est pour échapper à ce dilemme qu’il a “attaqué la rue... je me suis dit: je serai libre de tout circuit marchand! Dans la rue on peut faire de l’art pour les gens de notre époque, pour les passants comme pour les clochards... Les marchands peuvent gratter les palissades ou les murs, ils n’obtiendront jamais que des écailles de peinture... La rue, ça ne peut pas être récupéré... La vraie peinture, c’est le mur qui est derrière”! Juste en face de la merveilleuse petite maison qu’il a pu acheter à l’époque heureuse de la ruée sur l’Art, sur les hauteurs de Ménilmontant, à proximité des barres d’HLM hideuses qui défigurent le quartier[4], Mesnager a depuis peu une boutique, où il expose et vend des T-shirts et des montres à l‘image de l’homme en blanc; il vend aussi, beaucoup moins cher qu’à la “belle époque”, ses tableaux[5]. Aujourd’hui, apparemment, Jérome Mesnager vit très bien le conflit entre le marché et l’Art: “La Rue, c’est le parent pauvre; mes tableaux nourrissent la rue”. Sacré Jéjé, va. Reviens quand même nous voir de temps en temps aux BoBat’ !! (on t’achètera peut-être une montre)

SOURCES, LIENS DIVERS ET VARIES:

  • Actudixsept la feuille de chou locale des BoBatignolles, numéro 44, « Les libres sentiers du bonhomme blanc », p12-13
  • Article de Chris Kutschera : http://www.chris-kuntschera.com/Mesnager.htm
  • Graffitis et pochoirs des deux compères, Mesnager & Nemo : http://www.lapanse.com/pages/graffitis/menu_mesnager.html
  • Galerie Ligne 13, 13 rue de la condamine 75017 Paris. Tel : 01 42 93 13 37

[1] Propos cités dans Actudixsept la feuille de chou locale des BoBatignolles, numéro 44, « Les libres sentiers du bonhomme blanc », p12-13

[2] Article de Chris Kutschera : http://www.chris-kuntschera.com/Mesnager.htm

[3] ben tiens ! on y arrive

[4] Commentaire on ne peut plus bobo, arf arf (même si les HLM c’est moche, tout le monde n’a pas les moyens de se payer « la merveilleuse petite maison »)

[5] !!! le bobo dans toute sa splendeur et ses contradictions (vous me direz, y a pire : son bobopote Ben par exemple. Le type se fait une tonne de blé en vendant des produits dérivés genre trousses ou carnets estampillés « Ben » … Quand on pense qu’il y a quelques années ces mêmes artistes engagés dénonçaient le système qui les récupère à présent!!! Heu…Vendre des tee shirts et porte-clés aux Japonais ou aux grosses américaines en goguette, excuse-moi Jéjé mais c’est tomber bien bas tout de même.

Qui êtes-vous ?

Paris, 75017, France
bobo boba francesa radicada en el barrio de las Batignolles, Paris